Russie
Ce n’est pas un hasard si du temps des tsars, le monarque portait le titre de « souverain de toutes les Russies ». La Russie est le pays des extrêmes et de la diversité, et Moscou et Saint-Pétersbourg sont deux villes que tout oppose.
Moscou, ce sont de l’histoire, des avenues gigantesques bordées d’immeubles staliniens, des écrivains et des artistes dont on visite les maisons, des bulbes coiffant les églises, une place Rouge célèbre dans le monde entier, le Kremlin... L’Empire soviétique a fondu, et un capitalisme des plus sauvage a pointé.
Aujourd’hui, à la sortie du métro, les babouchkas boudent ce nouvel univers dont elles sont les victimes, condamnant une jeunesse dorée qui ne pense qu’à rattraper le temps perdu... Les hôtels de luxe poussent comme des champignons, les restos de toutes origines rivalisent d’originalité ou de kitsch, les bars et boîtes sont de vrais défilés de mode où les jeunes filles russes affichent leur glamour.
Mais fatiguée de ce bling-bling tapageur, une nouvelle génération prend la relève. Connectée partout à Internet, elle voyage, parle l’anglais, n’a souvent pas vécu les années soviétiques et regarde enfin l'avenir dans son pays.
Qu’y a-t-il de russe dans Saint-Pétersbourg, bâtie par des ingénieurs allemands, dessinée par des architectes italiens, influencée par la Hollande, où l’on parla la langue de Voltaire à la Cour ?
Projection urbaine de ses fantasmes et de ses passions, Saint-Pétersbourg fut créée par Pierre le Grand comme une échappée au carcan russe. Le tsar n’avait qu’une idée en tête : s’éloigner de l’âme et des coutumes russes pour ouvrir une fenêtre sur l’Europe. On est au cœur de la volonté inébranlable d’un seul homme : sa passion de l’eau s’incarne par la Neva et les canaux, sa phobie de Moscou et de la rusticité de la Russie de l’intérieur se traduit par un désir frénétique de se rapprocher de la culture occidentale. Ainsi s’érigea Saint-Pétersbourg, figure de proue de tout un empire, toute la Russie.